Je peins et je dessine beaucoup sur papiers : papier de mûrier, papier de coton recyclé, papier transparent, papier de riz. J’aime le rapport des mediums sur ce support et la sensualité qui s’en dégage. Je fais une analogie entre la peau et le papier. Ma peau c’est la quête que je mène quand je peins. Et quand je peins sur ma « peau papier », je peins des corps nus de femmes nues qui s’interrogent toutes et dialoguent entres elles et se partagent leurs secrets. Et prennent vie et respirent ensemble.
« Ma peau, fine frontière entre le monde et moi C’est le papier sur lequel je peins. Papier de riz, papier recyclé, papier de mûrier. Je le veux le plus fin possible. Le plus transparent possible. Où l’on peut voir à travers ma peau. Elle vieillit ma peau. Elle se plisse. Autour de mes yeux se creuse de petits sillons. Mes paupières tombent sur mes yeux, comme celles de ma mère. La peau trop fine de mes paupières. Elle est transparente. Elle laisse voir en dessous les petits vaisseaux rouges de sang. Elle est marron. Et plus elle brunit, plus j’ai l’impression qu’elle laisse voir ma tristesse et plus je me sens vulnérable. »
« Ma peau c’est la quête que je mène quand je peins. Je peins pour exister. Je peins sur ma peau. Je peins des corps nus de femmes nues qui s’interrogent toutes et dialoguent entres elles et se partagent leurs secrets. Et prennent vie. Et respirent ensemble. Et quand je peins sur ma peau-papier, quand je dessine les traits de mon corps : je souligne.
Doucement, puis fort, la vie. »
Texte lu par Ada Kafel et écrit par Déborah Calfond