Gaël Faye écrit « Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d’un lieu, l’anfractuosité de l’environnement. » Lorsque je marche, que je me baigne dans l’eau de la rivière ou que j’observe le ressac de l’océan, j’ai la sensation que mon corps fusionne avec la nature. Cela me procure des sentiments intenses, charnels qui m’inspirent profondément pour créer. C’est ainsi qu’est née cette série « Mon corps paysage ». En voici quelques extraits, en peinture et en écriture.
« Hier, nous étions avec mes deux enfants, accablés par la chaleur, allongés dans le canapé, en maillot de bain. Mon grand me demande « Maman c’est quoi ça sur ta peau ? » en désignant le haut de mes cuisses. Je lui explique que mon corps a grossi quand j’étais enceinte puis re-maigri et alors, la peau a craquée, elle a laissé des traces d’abord rouges puis blanches. Il m’a répondu « ça t’a fait mal ? » j’ai dit « Non, tu trouves ça moche ? » « Non c’est beau maman. On dirait les branches d’un arbre et le bleu de ton maillot serait le ciel ».
Merci mon amour, tu vois, mon corps est un paysage et le tiens c’est le monde entier. »
« Mon corps paysage » 2022
32×43 cm Aquarelle sur papier de coton recyclé Vendu
« Se fondre charnellement dans l’environnement » 2022
22×30 cm Aquarelle sur papier de coton recyclé Vendu
« Ma vie chavire mais je respire. Je pleure de joie mais non sans craintes et tellement prête à aimer. Mon corps tremble, mon corps désire, mon cœur s’ouvre. Je ne savais plus ce que c’était, ce que ça faisait. C’est comme sortir d’une longue sieste avec un corps engourdi. Incroyable de redécouvrir ses sensations oubliées. Sentir ma peine en creux ma joie en plein La tendresse L’ivresse Accueillir tous ces beaux sentiments naissants comme des trésors. Explorer le monde et ce qu’il a m’offrir et s’embrasser encore sous la pluie. Et sentir l’infini des possibles où la magie se produit. Des peaux qui s’effleurent, cette envie folle. Corps enveloppés, corps enlacés qui respirent à l’unisson. L’infini des émois qui se perdent dans les prunelles amoureuses. Appréhender la liberté, autoriser à m’échapper.
J’ai franchi la lisière de mon paysage intérieur, j’ai été au-delà de mes frontières. J’ai eu peur. J’ai terriblement peur. Mais je redécouvre un nouveau monde aux sensations merveilleuses de ses mains douces sur ma poitrine, de sa mâchoire qui se contracte quand il m’embrasse, de sa barbe naissante qui me pique les lèvres, de ses clavicules qui bougent. »
Texte écrit par Déborah Calfond et lu par Ada Kafel